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Chapitre 24 : le régicide

 

Une bourrasque plus forte menaça de faire basculer sa mère et Andom la retint in extrémis. Le regard déterminé de la femme ne changea cependant pas. Elle recula d’un pas et regarda son fils.

 

« Il est temps que tu fasses un choix Andom, comme nous avons dû le faire il y a bien longtemps. »

- Un choix ? Mais quel choix ? » Demanda-t-il sans comprendre.

- Le choix de suivre Korven ou non. »

 

Andom fut surpris puis soupira. 

 

- Encore ? Les saisons n’ont pas arrêtées leur routine parce que Korven à puni mon oncle, mère. Quoi que dises père, son frère a fait une terrible erreur et l’a payé de sa vie. C’est triste et je conçois que père ne le digère pas, tout comme je serais furieux d’apprendre qu’Ichkhan ai été puni pour trahison mais bon sang, ce qui est fait est fait ! Oncle Yaran était un traitre et il est plus que temps de s’en relever ! »

 

Sa mère ne répondit pas, son regard était chargé de douleur. Elle détourna le regard et Andom put voir une lame briller sur sa joue.

 

« Yaran n’était pas un traitre…»

- Mère… »

- Tu ne comprends donc pas ? Hurla-t-elle avant de se reprendre et de parler plus bas. Ce n’est pas Yaran qui a tué le roi ! Yaran était son plus proche conseiller et le roi l’écoutait. Il avait même fait lever la loi de bannissement des Kuvraks alors pourquoi l’aurait-il tué ? Son seul défaut a toujours été sa trop grande naïveté, à toujours, toujours croire que ses amis le suivraient sans jamais le trahir. »

 

Andom resta interdit quelques minutes. Il n’avait pas l’esprit lent, bien au contraire mais ce que sa mère voulait dire était juste trop énorme pour qu’il l’accepte si facilement…  

 

« Réfléchis Andom, réfléchis. Qui aurait pu vouloir la mort de Yaran ? A qui a le plus profité la mort du roi ? A qui la reine fait-elle confiance aujourd’hui ? Et pourquoi, par tous les dieux, pourquoi Korven a-t-il ordonné la mise à mort de ta tante et de ton cousin, avec toute leur maisonnée? Bon sang Andom, Jian n’avait que cinq ans ! Et Hadiya venait d’accoucher de son second enfant. Peux-tu m’expliquer à quoi leur mort à servis ? »

 

Andom ne savait pas quoi répondre, il resta la, les bras ballants dans le vent. Si tout ceci était vrai alors…       

             

« Nazély, Ichkhan…" Murmura-t-il.

- Exactement, répondit sa mère, Korven a approuvé que Ichkhan parte à la capitale pour en faire son otage. Et tu t’apprêtes à faire de même avec ta sœur. Comment as-tu pu envisager de l’offrir à ce monstre ? »

 

Incapable d’en dire plus, sa mère étouffa ses sanglots avec ses mains et Andom vint la prendre dans ses bras.

 

« Pardon mère, pardon. Ne t’inquiète pas, je les protègerai, j’arriverai à convaincre Ichkhan de revenir ici."

- C’est trop tard Andom, ce qui est fait est fait. Ce que je viens de t’expliquer, je l’ai aussi fait à ton frère avant son départ mais il n’a pas voulu m’écouter. Il a fait son choix et même si ça me fend le cœur, il faut l’accepter. Maintenant Andom, quel est le tien ? 

 

Andom regarda sa mère puis le paysage qui s’étendait à perte de vue, ses terres…     

   

« Mon choix est toujours le même, mère. Je ne souhaite que rendre sa gloire passée à notre famille. Nos gens ont faim, nos terres se dessèchent, nos villes et châteaux tombent en ruine…Je veux que cela cesse. »

 

Les yeux de sa mère se plissèrent. 

 

« Alors tu vendrais ton âme, ta famille, tes biens à un assassin pour l’honneur de notre famille ? A quoi te servira cet honneur quand ton frère mourra à la guerre et ta sœur sous les coups de son mari ? A quoi te servira-t-il quand ton père et moi seront pendus pour trahison ? »

- Je ne compte pas voir ma famille décimée. Protéger l’honneur de ma famille, c’est la protéger, elle. Et un homme sans honneur comme Korven serait bien en peine de nous rendre la nôtre. Je suis des vôtres, mère. Mais si Korven apprend notre trahison, nos terres seront détruites et je ne le vous pardonnerai jamais, à vous et encore moins à père. 

 

Sa mère sourit. 

 

« Pourquoi ne pas le lui dire toi-même alors ? Il est grand temps que vous ayez une discussion entre père et fils."

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