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 Chapitre dix : l’armée du roi

 

Kari ne distingua la mezzanine que quand elle vit Jian en monter l’escalier. Elle distingua une faible lueur venant de la plateforme, et une silhouette en contre-jour qui accueillit son ami.

 

Elle voulut demander à Marten, assis en face d’elle, qui était cette personne en haut mais elle fut interrompue par Sati qui leur posa un énorme plat de viande devant elle et Elody. La Kuvraks à la croupe large et aux traits enjoués s’assit ensuite au côté de son mari, qui discutait gaiment avec Siman tout en engouffrant une quantité invraisemblable de nourriture.

 

« Alors ma petite, qui sont donc tes fameux parents ? lui demanda la Kuvraks.

 

- Pardon ? demanda Kari

 

- Et bien, Diyien est le fils du chef Korson, ton amie et son frère sont des Bel’Gan…tu n’es surement pas ordinaire toi aussi ! 

 

- aah non non, je suis juste une emzi, une orpheline, je ne connais pas mes parents mais ils n’avaient surement rien d’extraordinaire ! »

 

Les traits de Sati s’affaissèrent mais elle ajouta :

 

« Il n’y a pas de mal à être une emzi ! Et puis un joli brin de fille comme toi doit surement avoir du succès auprès des garçons, non ? »

 

Kari se contenta de sourire, gênée et Elody ajouta, le regard en coin et le sourire aux lèvres :

 

« Une fille ordinaire ? Mon œil, Kari est aussi devenue une princesse de la cité quand la vieille Nefer l’a désignée pour être son héritière.

 

- Par les dieux, Nefer est encore en vie ? S’étonna Sati, ma propre grand-mère m’en parlait déjà… Si tu es son héritière c’est que tu n’es définitivement pas n’importe qui ! Elle t’a appris l’art qui forme n’est-ce pas ? C’est toi qui as formé ta boucle d’oreille ? »

 

Encore plus gênée, Kari caressa le long cristal rouge qui pendait à son oreille droite et qui émit une faible lueur à son touché.

 

« Non, répondit-elle, C’est Nefer qui l’a formée pour moi, elle me l’a offert pour mes douze ans, quand elle a annoncé à tout le monde qu’elle me choisissait comme successeur… Mais je ne suis pas encore très douée pour former… »

 

« Bon sang les femmes, vous pouvez pas parler de magie ailleurs qu’à table ? Ça ruine le repas ! » S’indigna Darkhan

 

Sa femme lui donna une tape sur la tête avant de répondre ;

 

« Ne mélange pas l’art qui forme avec la pitoyable magie humaine ! Si nous n’avions pas presque perdu cet art, nous serions beaucoup plus puissants aujourd’hui… »

 

Un autre homme attablée, Jamet, si Kari se souvenait bien de son nom, rejoignit la conversation.

 

« Mais quelle différence entre ce cristal et les autres bijoux d’or rouge que les Kuvraks portent ? Vous en avez plein vos grottes non ? » 

 

- Bon sang, ces humains n’y connaissent rien…s’indigna Sati avant de retirer un bracelet d’or rouge de son poignet pour le montrer à tous. Cette boucle d’oreille et mon bracelet proviennent de la même pierre, mais ici, elle a été fondue et forgée, la pierre est donc restée opaque. La boucle d’oreille de Kari a été formée par un chant ; la prêtresse qui en connait l’art chante pour que la pierre prenne la forme imaginée et l’or rouge devient alors comme un cristal ! Il emmagasine alors toute la puissance du chant de sa créatrice et devient ensuite une réserve de pouvoir qui peut être utilisé pour l’attaque comme pour la guérison. N’ai-je pas raison ? demanda-t-elle à Kari

 

- C’est tout à fait juste, acquiesça la jeune fille, J’ignorais que les Kuvraks qui vivaient à Dalindra en connaissait autant.

 

- Ma grand-mère venait de la cité…Je suis sure qu’elle connaissait le chant qui forme mais elle n’a jamais voulu me l’apprendre… Ce bracelet lui appartenait. Répondit tristement Sati. Je suis heureuse de rencontrer des Kuvraks de la cité, j’ai l’impression de renouer avec ma culture et mes ancêtres ! 

 

- hé hé, je te l’ai promis, dit son mari, quand cette guerre sera finie, on ira la bas pour que tu puisses la voir de tes propres yeux et on ira même se remarier devant tes fichus dieux si tu le souhaites ! »

 

Sati lui embrassa le front avant de se lever et d’ajouter ;

 

«  Si je pouvais sortir au grand jour, je serai déjà très heureuse. »

 

Et elle partit rejoindre les fourneaux.

 

Elody regarda longtemps dans sa direction puis se tourna vers Darkhan :

 

« Monsieur Darkhan, vous pensez vraiment que les humains et les Kuvraks pourront se marier et se promener librement quand la guerre sera finie ?

 

- Pas besoin de « monsieur » ! Oui je le pense ou du moins on fera en sorte que ce soit possible ! Tu sais, avant que le roi ne soit tué, il désirait lever le bannissement des Kuvraks et leur permettre de venir dans notre pays et d’y prospérer. C’est sans doute pour ça que Korven s’en est débarrassé, il a toujours détesté les Kuvraks… Mais quand nous on se sera débarrassé de Korven et qu’on aura remis l’héritière du roi sur son trône, alors il n’a pas de raison que tout ne revienne pas comme avant ! »

 

Kari ne dit rien devant le sourire franc de Darkhan mais, tout comme devait le penser Elody, elle se dit que ce ne serait surement pas aussi simple…

 

Darkhan les regarda puis reprit ;

 

« vous connaissez notre devise ? »

 

Les deux jeunes filles firent non de la tête.

 

« Longue vie au roi. »

 

Là Kari était perdue…

 

« Mais le roi est mort… » Dit-elle sans comprendre.

 

Le sourire de Darkhan s’affaissa pour laisser place à de la tristesse et de la mélancolie.

 

« Oui bien sûr…mais ses idéaux vivent encore en nous, nous n’avons pas perdu la foi ! Sa fille unique est enfermée au palais, mise sous cloche par ce maudit Korven. Nous sommes au service du roi et c’est notre devoir d’abattre son meurtrier et de libérer sa fille pour qu’elle puisse devenir reine et perpétuer les idéaux de son père. »

 

Il regarda la salle et ses amis avant de terminer.

 

« La moitié des hommes que vous voyez ici sont des anciens soldats qui servaient le général Yaran et le roi. Ils peuvent bien nous traiter de brigand et de vermines mais nous sommes toujours une armée ! »

 

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