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 Chapitre onze: Fureur

 

La princesse tapotait férocement le bras du fauteuil où elle s’était affalée de manière fort peu séante.

 

À ce rythme-là, elle va passer à travers. Pensa Rigel.

 

Mari et Rana, récoltaient précautionneusement et en silence les débris des différents vases que la princesse avait fait voler en éclat. Ne pouvant s’exprimer devant ses servantes, elle attendait maintenant dans un silence rageur qu’elles terminent de nettoyer les dégâts.

 

C’est dans ce même silence lourd de menaces qu’elles étaient revenues du sanctuaire. Sitôt le passage refermée, la princesse avait renversé une petite table et les différents accessoires qui s’y trouvaient.

 

Alertée par le bruit, Rana était sortie de la salle de bain et avait subi avec désarroi la colère de sa maitresse. D’autres vases avaient alors fait des atterrissages en catastrophe, déversant les débris, l’eau et les fleurs dans toute la pièce.

 

Rigel ne disait rien non plus et restait devant la précieuse tapisserie malgré les regards noirs de la jeune princesse.

 

Les servantes finirent leur nettoyage et sortirent après une courbette des plus rapides.

 

« Votre grâce… » Commença Rigel

 

- Ton père à l’intention de me marier ! » Répondit avec hargne la jeune princesse. »

 

Surprise, La soldate resta coite et vit les yeux de sa maitresse se remplir de larmes.

 

« Bien sûr, c’était prévisible, continua la princesse, la voix cassée, le sourire ironique, Il a toujours été claire que je ne pourrais choisir mon futur mari…ni que je pourrais échapper à mon rôle… En tant qu’unique héritière du royaume, ma main vaut chère je suppose… »

 

Elle détourna le regard vers la fenêtre, montrant toujours un temps exécrable et une grisaille déprimante.

 

Rigel réfléchit à ce qu’elle avait vu dans le sanctuaire…

 

« Serait-ce lié à ce tenmissien que nous avons vu avec mon père ? »

 

La princesse la regarda, un faible sourire aux lèvres.

 

« Le fils ainé du roi Levent 2, Léandre de Tenmis est toujours célibataire et on ne peut espérer un meilleur parti pour moi je suppose…Cette union ressoudera les liens entre nos deux pays et le mariage apportera de la joie au peuple…c’est surement ce que Korven me sortira quand il se décidera à me l’annoncer…en espérant que je serai mise au courant avant le jour du mariage ! »

 

Rigel réfléchissait à toute allure…mais à quoi pensait son père ? Marier deux héritiers équivaut à rassembler les deux royaumes, celui de la princesse étant offert en guise de dot à son nouveau mari… la situation du pays serait-elle à ce point catastrophique ? Ou son père s’était-il arrangé pour rester le régent de Dalindra pendant que sa reine légitime sera envoyée dans un pays voisin ?

 

La soldate interrompit ses pensées, voyant la princesse pleuré amèrement. Elle aura tout le loisir d’en discuter plus tard avec son père…s’il voulait bien lui en parler bien sûr. Pour l’instant, il lui fallait réconforter sa dame.

 

 « On dit du prince qu’il est d’une grande beauté et d’une grande finesse. Tenmis est un magnifique pays où il fait toujours beau et chaud, vous avez toujours eu du mal à supporter notre temps grisâtre, sans doute serez-vous très heureuse sous les palmiers de Majan, la ville royale.

 

- Mais je ne veux pas quitter Dalindra ! Je ne peux pas quitter Dalindra ! Elle me l’a dit, je dois la rejoindre bientôt, je ne peux pas partir ! »

 

Elle se leva et s’accrocha à Rigel

 

« Tu comprends ? Je ne peux pas partir, elle me l’a dit, je ne peux pas ! Je dois retourner près d’elle et y rester, ma place est à ses côtés ! » 

 

- …votre grâce, je suis sure que votre mère comprendra qu’il vous faudra un jour vous marier et…

 

- Mais ma mère n’a rien à voir là-dedans, pourquoi me parles-tu d’elle ? »

 

Rigel n’y comprenait plus rien

 

« Mais princesse, de qui parlez-vous alors ? »

 

Mais elles furent interrompues par des coups donnés sur la porte d’entrée.

 

« Votre grâce, c’est l’heure de vos cours privés, le maitre vous attends. »

 

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