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Chapitre seize : Duel

 

Jian pensait pouvoir gérer la situation jusqu’à ce que Diana sorte sa deuxième rapière. Elle était si rapide qu’il voyait à peine ses mouvements et devait totalement se fier à son instinct pour la contrer.

 

Elle se déplaçait avec l’agilité d’un félin et la souplesse d’un serpent mais Jian n’était pas en reste non plus. Comprenant que la meilleure défense restait l’attaque et qu’il ne pourrait jamais parer tous ses coups, il se mit à la charger en esquivant juste suffisamment ses lames pour ne pas subir de blessures sévères, tout en conservant sa rapidité.

 

Il sentit l’acier lui mordre la chair à plusieurs reprises, faisant gicler son sang une fois au mollet, une autre au bras. Il l’attaqua cependant sans relâche jusqu’à ce qu’elle ait un moment de faiblesse et baisse un peu sa garde.

Il parvint alors à lui bloquer une de ses rapières avec son épée et fondit sur elle. Surprise, elle attaqua sur son flanc gauche sans défense ; Jian sentit à nouveau l’acier lui transpercer la peau et longer ses cotes mais il y était préparé et profita du déséquilibre de son adversaire pour empoigner son bras droit. Il tira fermement dessus et lui envoya de toutes ses forces son genou droit dans l’estomac.

 

Le souffle coupé, Diana en fut propulsée deux pas plus loin et  tomba à genoux en lâchant ses rapières. Déjà, Mérope s’approcha de sa maitresse mais Jian ne la vit pas, pas plus qu’il ne voyait ni n’entendait le public autour de lui. Il ne voyait que le sang à terre, ne sentait que la douleur qui lui échauffait le sang et surtout ne voulait qu’une chose ; finir son combat.

 

Il réempoigna son épée et l’abattit sur son adversaire toujours à terre. Celle-ci eut l’air stupéfaite et Jian entendit vaguement la jeune Kuvraks crier mais elle fut interrompue par le choc de l’acier. L’épée de Jian fut stoppée nette par la lance que Diyien tenait à deux mains.

 

« Ça suffit, ce combat est terminé ! » ragea-t-il.

 

Ce n’est qu’en voyant son souffle coupé et ses muscles tendus de son allié que Jian se rendit compte qu’il appuyait de toutes ses forces sur son épée, mettant Diyien presque à genou.

 

Si Diyien avait été le seul assez rapide pour intervenir, la réaction des autres n’en étaient pas moins franche ; Jian vit que plusieurs membres du clan avaient brandit leurs armes contre lui, leurs visages mêlant étonnement, hostilité et crainte. D’autres, comme Mérope semblaient simplement complètement ahuris et regardait la scène avec les yeux ronds.

 

Elody s’approcha doucement de son frère et posa une main sur la garde de son épée.

 

« Jian, c’est fini, tu as gagné. »

 

Sa main trembla quand elle la posa sur son flanc blessé.

 

«Ta blessure…il faut te soigner, tu perds trop de sang. »

 

Et Jian baissa son arme puis  la lâcha quand la douleur atteint son paroxysme. Il se plia en deux et dut mettre un genou à terre. Elody voulut l’aider à se relever mais regardait avec inquiétude les hommes du clan qui les cernaient toujours ; même Diyien n’avait pas lâché sa lance et le regardait avec appréhension.

 

Aidée de Mérope, Diana se releva péniblement.

 

« Ça suffit, baissez vos armes. » dit-elle le souffle coupé.

 

Les hommes hésitèrent et Diana dut répéter son ordre plus fermement pour qu’ils retournent sur les côtés, leurs armes baissées mais non rangées.

 

La chef du clan avait été si féroce au combat que Jian s’était pris au jeu puis s’était battu comme si sa vie en dépendait, au point de vouloir tuer son adversaire. Maintenant que son excitation était tombée, il se rendait compte qu’il avait été à deux doigts de commettre une erreur fatale. Toujours en se tenant son flanc, il se releva péniblement, refusant l’aide de sa sœur et fit face à Diana, ne sachant à quoi s’attendre…mais c’est avec un grand sourire que Diana le félicita.

 

« Ah Jian, tu es bien le fils de ton père : aussi doué et aussi fourbe que lui ! Et aussi fou aussi ! Continua-t-elle en regardant son flanc ensanglanté. Serope, va t’occuper de lui, allez, dépêche-toi ! »

 

La jeune Kuvraks quitta sa maitresse avec hésitation pour regarder la blessure de Jian. Celui-ci ne voulait pas les inquiéter mais la blessure se révélait plus sérieuse qu’il ne le pensait. Serope le fit s’assoir sur un banc et alla chercher de quoi recoudre la plaie. Comme si la douleur ne suffisait pas, Jian devait subir les réprimandes acerbes de sa petite sœur et les regards méfiants des membres du clan.

 

Elody, qui n’avait pas dit un mot, s’approcha finalement de lui pour regarder la plaie. Contrairement aux autres, elle ne montrait aucune expression et Jian la laissa toucher sa blessure sans faire de commentaire.

 

Serope revint en courant, tenant en main une boite fermée et des feuilles à panser mais elle fut interrompue par Kari qui secoua la main comme pour chasser un insecte gênant. La jeune fille fit la moue puis fut intriguée quand Kari retira le cristal rouge pendant à son oreille gauche et le posa sur le flanc blessé de Jian.

 

Aussitôt une lueur rougeâtre sortit du cristal et, alors que Kari chantonnait d’une voix basse, la plaie se referma tout doucement jusqu’à ne devenir qu’une simple cicatrice.

 

Habitué à ces manifestations de pouvoir, Jian gardait les yeux rivé sur ceux de Kari. Comme toujours quand elle utilisait les pouvoirs de son cristal, elle semblait effacée, hors d’atteinte. Ses yeux rouges sombres brillaient à la lueur du cristal mais ne reflétaient aucune émotion. Il sentit un léger picotement à l’endroit de sa blessure puis la douleur disparu entièrement. Quand il la palpa, il ne sentit que sa peau fraiche et neuve et plus personne n’aurait su dire que quelques minutes avant il avait une plaie béante. Les membres du clan semblèrent avoir déjà oublié l’incident et regardaient avec ébahissement le cristal que Kari raccrocha à son oreille. Elle-même retrouva peu à peu son expression et fixa Jian d’un regard noir.

 

« Je n’aurais jamais cru que tu pouvais être aussi stupide ! Fulmina-t-elle, tu as de la chance que la mission est pour bientôt car sinon je n’aurais rien fait du tout ! »

 

Et laissant là un Jian honteux, elle retourna les talons aussi sec et partit  en maugréant sur les hommes et leur stupidité.

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